Démocratie empêchée

Entretien avec Un militant de la LND

Malgré l’autorisation de façade concernant la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), une pression de tous les instants s’exerce sur les militants et dirigeants politiques du Myanmar pour les contraindre à abandonner leurs activités « pernicieuses » envers le régime. Rencontre avec l’un d’entre eux, dirigeant local de la NLD.

Quelle est la situation de la NLD aujourd’hui ?

Elle subit l’oppression de façon violente. Chacun de ses membres est réduit à l’immobilité et au silence, par une surveillance qui les empêche de se déplacer librement, même au sein du Myanmar. Aujourd’hui, la majorité de la population soutient la NLD même si elle n’est pas en capacité de le dire. Lorsque les généraux ont commis leur premier coup d’Etat en 1962, ils ont affirmé qu’ils allaient construire « la voie birmane vers le socialisme ». En fait, de leur part, la référence au socialisme signifiait simplement qu’ils allaient imposer un régime dans lequel il n’y aurait pas d’élections, mais uniquement de la sélection.Même pour Aung San (1), le système socialiste reposait sur une conquête du pouvoir, pour le garder indéfiniment. Depuis ils ont changé les généraux en les remplaçant les uns par les autres mais, dans l’ensemble, ce sont les mêmes qui nous gouvernent depuis trente-cinq ans.

Quelles sont les forces organisées en faveur du changement ?

Outre la NLD, souterraine et secrète par peur de la répression, le mouvement étudiant est très représentatif, héritier des premières organisations hostiles au colonisateur anglais. Il soutient la NLD, mais il faut savoir que, depuis 1988, l’université de Yangon n’a été ouverte que deux ans…

Pensez-vous que les investissements étrangers sont utiles pour la démocratisation du pays ?

Absolument pas ! Les firmes ne devraient pas investir ici car chaque dollar va dans la caisse des généraux. Le peuple birman n’a aucune chance d’en voir un jour la couleur. En pratique, l’investissement étranger renforce la junte. n

1. Dirigeant historique de l’indépendance, assassiné en 1947.

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