Mémoire, libéralisme et alternatives

Toute l’Europe est interpellée par un défi politique et éthique sans précédent. La constitution du nouveau pouvoir en Autriche ne peut que jouer en défaveur de la démocratie, des valeurs et droits humains, des acquis sociaux, d’un certain niveau de civilisation. Le Pen, Mégret et d’autres forces d’extrême droite se réjouissent déjà de ce nouveau point d’appui. Toutes les prises de position qui disent clairement que l’ on ne peut en aucun cas composer avec l’extrême droite comptent. Mais les mesures anti-banalisation (encore faudrait-il les appliquer) ne suffisent pas.

Créer une véritable dynamique multiforme de nature à faire reculer les idées et l’influence de l’extrême droite, à isoler ceux qui pactisent avec elle devient désormais une nécessité pour l’ensemble des peuples et citoyens en Europe.

L’Autriche connaît aujourd’hui en même temps une situation gravissime et un sursaut démocratique inattendu. Sera-t-il salutaire ? Une société civile semble émerger, le débat politique se développe, les voies de résistances se cherchent certes difficilement entre banalisation et capitulation. L’ÖGB (la centrale syndicale) se mobilise face au programme, véritable déclaration de guerre contre le modèle social du gouvernement. Des jeunes, des intellectuels contestent à ce gouvernement la légitimité morale de les représenter.

Des convergences inédites apparaissent lorsque manifestent ensemble des jeunes pour l’essentiel inorganisés, des organisations de gauche et associations de défense des droits de l’Homme, des intellectuels, des syndicalistes, avec des délégations venues de plusieurs pays européens.

Si les Français sont particulièrement mobilisés, c’est sans doute à rapprocher de l’expérience acquise dans les combats contre Le Pen et les alliances tentées ou réalisées dans les régions. L’expérience autrichienne nécessite un examen approfondi. Il faudra mettre en garde contre toute banalisation de la progression et de l’accession au pouvoir de l’extrême droite avec le concours des conservateurs, mais aussi éviter toute vision caricaturale ou exotique des réalités de ce pays. Il faudra analyser (1) le phénomène Haider dans sa complexité et en même temps s’engager sans tergiverser pour le combattre. Il s’agit là d’un devoir d’action et de solidarité en faveur d’une Europe démocratique, ouverte et fraternelle. E.G.

* Elisabeth Gauthier est enseignante autrichienne, membre du comité national du PCF.

1. Regards du mois d’avril (n° 56) publiera un dossier sur les extrêmes droites en Europe.

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