Pour un autre développement universel

Il y a deux mois encore, l’idée d’une reprise en mains du monde par un empire aurait semblé saugrenue. Mais en justifiant, sur fond de guerre menée tambour et dollar « battants » par les USA, un « nouvel internationalisme » naissant, Tony Blair a levé le voile sur une réalité : l’amorce d’une nouvelle donne économique et militaire, sous l’égide de l’OTAN. A juste titre, la guerre a été ressentie par un grand nombre de citoyens comme un coup de force contre un processus progressiste en gestation. Cependant, l’alternative à l’ordre dominant conserve ses partisans. De quels atouts disposent-ils pour la construire ? A la veille du XXIe siècle, quelques questions et premières réponses.

Il semble que nous vivons, dans l’accélération, la phase fondatrice d’une construction mondiale d’un nouveau genre, dans laquelle les institutions internationales, l’ONU, l’OTAN en particulier (l’OMC sur le plan économique), seraient amenées à prendre une importance organique et idéologique plus grande encore, dans des rôles cependant différents de ceux qui leur étaient jusque là attribués, dans un mouvement contradictoire. Jacques Fath examine les avancées du siècle en matière de relations et de droits humains internationaux et jette les bases de propositions de développement pour « civiliser l’international ».

« Avec le débordement de l’Etat-nation par le nouveau capitalisme mondial et les nouvelles technologies de communication universelles, les travailleurs se retrouvent privés de tout instrument de contrôle social et les citoyens dépourvus de représentation dans les instances de décision », estime le sociologue espagnol Manuel Castells, qui, comme d’autres, réfléchit sur les passerelles entre « je » et « nous », le singulier et le pluriel, l’individu et le collectif. Il rêve aussi : « Peut-être pouvons-nous aussi construire une fédération libre de cultures historiques qui canaliseraient les flux mondiaux de richesses et d’information via les réseaux d’institutions démocratiques transationales ? » Michaël Löwy mise sur les forces de résistance et des potentialités que recèlent les mouvements actuels de protestation pour une alternative à la mondialisation en cours.

Stratégiquement, qu’ont les USA à « glaner » dans les Balkans ? Existe-t-il un lien entre cette guerre à l’initiative américaine et le devenir d’un système capitaliste ébranlé par une crise monétaire extraordinaire et dont il n’est pas encore sorti ? Comment peut-on imaginer l’après-guerre pour cette région quand on connaît les conséquences des politiques préconisées par la Banque mondiale et le FMI, objets de critiques récentes ? Suzanne de Brunhof dévoile la stratégie économique de l’OTAN et ébauche ses réponses alternatives.

Et dans notre prochain numéroA l’heure des replis nationalistes, intégristes religieux, à l’heure également où la velléité des grandes puissances à posséder le monde s’affirme comme jamais, quelles « fédérations d’avenir » les peuples peuvent-ils construire ? Dans regards de septembre, Jean-Pierre Kahane et Jean-Pierre Chrétien, respectivement mathématicien et historien, diront ce qu’ils comprennent et espèrent voir se batir en terme de relations sur la planète.

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