Vingt-sept spécialistes de l’audiovisuel racontent en 600 pages toute l’histoire de la radio et de la télévision en France. Le maître d’oeuvre de ce dictionnaire inédit est Jean-Noël Jeanneney, professeur à l’Institut d’études politiques à Paris, auteur de nombreux ouvrages notamment consacrés aux médias, où il a exercé diverses responsabilités. Depuis 1977, il anime un séminaire sur « Audiovisuel et Histoire » dans le cadre du cycle d’Histoire du XXe siècle de l’IEP-Paris. Cet ouvrage est, en quelque sorte, l’aboutissement de ces vingt années d’investigation. Ses co-auteurs sont d’ailleurs les chercheurs, telle Agnès Chauveau (on avait salué ici son étude sur la Haute autorité de l’audiovisuel), qui ont travaillé avec lui à ce séminaire. Le responsable de cette édition définit d’ailleurs cet ouvrage comme « une coordination de mini-essais ».
Au fil de seize chapitres, l’ouvrage suit les différentes étapes de l’aventure de l’audiovisuel, rappelle les moments forts, évoque l’histoire des radios puis celle des télévisions, l’évolution des technologies, les mécanismes de fonctionnement, passe en revue les différents métiers, décrit les figures emblématiques, commente les tourments de la communication politique, brosse le portrait des grands acteurs (dont Georges Marchais ; voir à ce propos le paragraphe que lui consacre Isabelle Veyrat-Masson, où elle s’interroge sur « l’évidente dichotomie entre son succès médiatique et la sympathie des téléspectateurs »), examine les enjeux culturels, s’intéresse au traitement des questions de société, donne le regard extérieur sur cette machinerie, analyse l’attitude des publics, montre les dimensions internationales et détaille les lieux d’archives.
Chacun de ces chapitres est composé d’un certain nombre d’articles, eux-mêmes comportant d’utiles références bibliographiques, qui permettent de détailler, de A comme audimat à Z comme Zitrone, cette épopée de l’audiovisuel.
On lira avec profit, par exemple, les biographies de cette génération de réalisateurs, communistes pour la plupart, qui bâtirent, sous l’oeil vigilant et complice à la fois de la direction gaulliste de la télévision, les grandes programmations des années 60. « Dans cette génération qui a fondé, après la guerre, la télévision française, Marcel Bluwal est représentatif de ces réalisateurs de dramatiques qui ont été portés par l’ambition culturelle du service public, par le développement de l’outil et par la décision d’une direction de promouvoir le réalisateur, sur le modèle du cinéma » écrit Jérôme Bourdon. En fin d’ouvrage, une chronologie égrène les épisodes de cette saga de 1915 à 1999.
En historien qui aime rappeler aux étourdis les leçons du passé, Jean-Noël Jeanneney observe que « les mutations mêmes qui s’annoncent dans le champ de la communication planétaire, impressionnantes, ne peuvent être considérées avec sang-froid qu’à la lumière des évolutions du passé dont la connaissance seule permet de résister aux fascinations de l’ébriété technologique ».
Jean-Noël Jeanneney L’Echo du siècle. Dictionnaire historique de la radio et de la télévision en France,Hachette littératures, Arte éditions et la Cinquième édition, 605 p., 295 F
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