Les présidents du Brésil, de l’Argentine, du Paraguay et de l’Uruguay ont inauguré le premier Forum commercial Mercosul-Union européenne à Rio, le dimanche 21 février 1999. Il s’agit aussi d’une première réunion au sommet entre ces pays membres du marché sud-américain depuis que le Brésil a laissé sa monnaie se dévaloriser en janvier.
Le président brésilien, Fernando Henrique Cardoso, a réaffirmé que le Mercosul continuait son programme de coopération avec ses partenaires européens, malgré les turbulences économiques et les récentes frictions avec l’Argentine, du fait de la dévaluation du réal.Une réunion a eu lieu entre les parties avant la cérémonie d’inauguration du Forum afin d’évaluer l’impact de la nouvelle réalité monétaire brésilienne et d’assurer les conditions concurrentielles entre les pays membres du Mercosul. Le Forum, qui réunira plus de cent grandes entreprises des deux continents, se présente comme une avant-première pour la création d’une zone de libre échange élargie, prévue vers juin.
L’événement prépare en effet deux rencontres importantes qui marqueront l’année politique : d’abord, la rencontre au sommet entre l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Union européenne, prévue en juin à Rio, puis la réunion de l’Organisation mondiale du Commerce à Seattle en cette fin d’année.
L’Union européenne a envoyé en unique délégation son Commissaire aux industries, technologies et télécommunications, Martin Bangemann. Pendant quelques jours, les principaux exécutifs des conglomérats d’entreprises auront discuté à huis clos les perspectives thématiques liées aux relations commerciales et autres investissements entre les deux blocs économiques. Les ministres des Affaires étrangères, du Commerce et de l’Industrie des quatre pays membres y participeront.
Les barrières protectionnistes et les exigences sanitaires imposées par l’Union européenne seront évoquées : le Brésil surtout proteste contre le traitement inégal et injuste donné par les pays à économie développée à l’encontre du bloc sud-américain.
Les chiffres cités sont impressionnants et mettent à nu le déséquilibre qui justifie cette réclamation : les exportations de l’Union européenne vers le Mercosul ont connu une hausse de 274 %, alors que les importations seulement de 25 %.
Aussi, les soldes commerciaux du Mercosul avec l’Union sont passés d’une situation excédentaire à une de type déficitaire ces dernières années. Les Sud-Américains ont rappelé le manque de compétitivité en matière agricole de l’Europe pour cause de subventions exagérées.
Mercosul est un marché très lucratif pour les pays occidentaux, d’où il est juste d’exiger la réciprocité entre les relations client-fournisseur.
La France, par le Medef et son président Sellière, n’y voit pourtant aucune entrave aux négociations pour la création d’une zone de libre échange, car, même en crise, ces pays intéressent les investisseurs étrangers tout autant qu’avant : des privatisations de compagnies électriques et sanitaires sont prévues dans les prochains mois.
* Professeur à l’université Paris-III.
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