Depuis la traduction du livre de Tarso Genro et Ubiratan de Souza (1) sur le budget participatif de Porto Alegre, et faisant suite à des débats à travers la France, de nombreuses personnes, et en particulier des élus municipaux ont manifesté de l’ intérêtpour le processus de budgets participatifs. Ils ont décidé de réfléchir ensemble aux conditions de sa mise en place en France. Ici ou là, des équipes municipales, des groupes d’élus municipaux majoritaires ou minoritaires, des professionnels, des responsables associatifs ont saisi l’enjeu de l’expérience de Porto Alegre pour répondre à la crise de la citoyenneté et de la démocratie, à la crise de l’action publique et à l’augmentation de l’abstention et du vote FN.
Au Sénégal, des élus municipaux de divers partis, avec des responsables d’associations de quartiers, de femmes et de jeunes, des municipalités d’arrondissement ont engagé à leur tour une réflexion sur l’expérience du budget participatif pour construire une réelle démocratie, face au clientélisme roi, dans une situation économique de survie.
Au Brésil, d’autres municipalités ont emboîté le pas de Porto Alegre, avec des difficultés et des succès, avec parfois aussi malheureusement des expériences qui n’ont que le nom de budget participatif.
Il nous apparaît aujourd’hui nécessaire de structurer la réflexion sur les conditions et les modalités de mise en oeuvre de l’esprit du budget participatif sous des formes diverses adaptées aux conditions politiques, juridiques, sociales, spécifiques à chacun de nos pays. « Démocratiser radicalement la démocratie », tel est l’enjeu. De multiples questions se posent et se poseront en marchant vers la mise en place de tels processus : problèmes de méthodes, problèmes d’organisation, problèmes de déontologie, problèmes politiques.
C’est pourquoi nous proposons, après en avoir discuté avec de nombreuses personnes, de constituer un réseau d’échanges, de réflexion et d’action sur ces questions. L’expérience de Porto Alegre a été distinguée au sommet mondial d’Habitat II à Istanbul en 1996 comme une des meilleures pratiques de gestion urbaine. La municipalité de Porto Alegre nous a assurés de son soutien pour échanger avec les villes, les élus, les associations, qui voudraient réfléchir à la mise en place de tels processus.
Le réseau aurait pour but d’échanger, d’expérimenter et de capitaliser les expériences. Il assurerait la diffusion d’informations par un bulletin et un site Internet, la formation, la tenue de rencontres de partenaires, l’initiation de recherches.Le budget nécessaire devra faire l’objet d’une construction et d’une gestion participative par les membres du réseau.La forme organisationnelle et juridique du réseau, si légère doit-elle être, sera débattue et adoptée par les premiers membres du réseau qui se constitueront en association de préfiguration pour négocier les aides publiques et privées nécessaires.Nous envisageons une réunion constitutive au mois de juin 1999.
* Initiateurs du réseau d’échanges, de réflexion et d’action.
1. Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, traduction réalisée avec Eliana Costa Guerra, parue aux éditions de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, avril 1998.
Si vous êtes intéressés, envoyez vos noms, prénom, adresse, tél., fax, email et qualités à J.-B. Picheral, 3, impasse des Fleurs, 59240 Dunkerque, et joignez 5 enveloppes timbrées. Email : jb. picheral@netinfo. fr
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