Que tourne rond la maison ronde

Michel Boyon ne laissera pas des souvenirs impérissables au sein de Radio-France, qu’il a dirigé de novembre 1995 à novembre 1998. Sa volonté de rester aux commandes de la maison ronde pour trois nouvelles années s’est en effet fracassé sur l’hostilité d’une grande partie du personnel qui n’a pas apprécié son dirigisme très « énarque ». C’est donc Jean-Marie Cavada qui a été désigné au second tour de scrutin (sept voix contre deux) par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Cette nomination intervient alors que les dossiers brûlants s’accumulent : passage au numérique ; révision de la convention collective ; négociation pour les trente-cinq heures ; perte d’audience et surtout d’identité pour France-Culture, que certains considèrent encore comme la « danseuse » du service public ; le démarrage plus que poussif du « Mouv’ », la radio jeune lancée en dépit du bon sens…

Le 22 janvier, le nouveau p.d.-g. a ainsi annoncé devant le personnel que Radio-France allait s’engager dans « un virage historique » afin de moderniser les différentes antennes. Parfaitement conscient du poids de cette culture historique qui freine la nécessaire adaptation vers un nouveau public, il a affirmé que « cette maison a besoin d’oxygène et qu’il faut miser sur la jeunesse pour bousculer un peu le calcaire du traditionnel ». Mais ces changements ne doivent pas altérer l’image de marque des différentes antennes, et cela, même s’il « faut épouser les modes de consommation du public ». Priorité donc aux antennes : « Tout en bétonnant nos positions sur les généralistes, nous devons affirmer notre offensive sur les thématiques, avec une offre moderne, composée de programmes et d’informations dégagés des lois de la concurrence. » Pour parvenir à ses fins, Jean-Marie Cavada s’est entouré de quatre directeurs d’antenne aux compétences déjà largement reconnues : Jean-Luc Hees pour France-Inter, Pascal Delannoy pour France-Info, Laure Adler pour France- Culture et Pierre Bouteiller pour France-Musique.

Un premier bilan de cette présidence ne pourra être objectif que dans un an environ. Pourtant quelques signes plutôt de bon augure viennent conforter un certain optimisme : cette nomination ne s’est pas faite sous la pression du politique. Homme de centre droit, Jean-Marie Cavada n’a pas de passé ministériel ; il est un homme du métier, rompant ainsi avec une tradition de technocrates et d’énarques parachutés ; malgré sa réputation quelque peu autoritaire, dès son arrivée il n’a pas hésité à consulter largement le personnel afin de définir sa stratégie. Or chacun sait que la susceptibilité est une des marques de fabrique de Radio-France.

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