À l’heure du Covid-19, la chirurgienne Isabelle Lorand chronique la pandémie pour Regards.
À la question faut-il rendre obligatoire le port du masque « grand public » dans les transports, voire dans l’espace public, ne faut-il pas en substituer une autre : l’État, comptable de la sûreté nationale et de la protection des Français, est-il dans l’obligation de fournir le nombre de masques nécessaires par habitants ?
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Quelques mois après avoir justifié la mise en garde à vue de nombreux gilets jaunes pour port de masques, après le mensonge d’État qui a consisté à nier l’importance de ceux-ci en phase pandémique, voilà que le masque devient si miraculeux qu’il pourrait compenser l’absence de distanciation sociale – d’au moins un mètre – dans les transports urbains. Si la période n’était pas si tragique, on pourrait rire d’une telle inconséquence. Maintenant, l’urgence, c’est d’en finir avec la pénurie de masques.
Premier défi pour l’État : fournir les masques nécessaires aux personnels soignants (FFP2 et masques chirurgicaux) aujourd’hui tout en reconstituant le stock stratégique indispensable en cas de deuxième vague. À cet égard, la présentation par le premier ministre de l’écart entre les besoins hebdomadaires et la production locale à laquelle s’ajoute les importations ne peut que laisser pantois. La multiplication de belles courbes ne parvient pas à rassurer. Quand, de surcroît, le jour même se posait sur le sol français, un Anotonov, le plus gros avion-cargo au monde, chargé de millions de masques, casaques, gants commandés par… un acteur privé.
Second défi pour l’État : produire et distribuer les masques « grand public » avant le 11 mai. Et là soyons clair, si l’on admet dans le meilleur des cas qu’ils supporteront trente lavages, la durée de vie d’un masque sera d’un mois. Comme il en faudra au moins deux par personne, il va falloir produire massivement. L’incroyable ingéniosité des bonnes volontés comme la pugnacité des élus locaux y contribueront. On peine à croire que cela suffira. Le président Macron cherche à refiler la patate chaude aux maires, mettant ainsi en péril l’égalité républicaine par la mise en compétition des communes. Et les maires sommés de se tirer la bourre à la foire d’empoigne aux masques ! La ficelle est trop grosse pour tromper les Français qui, si l’on en croit les sondages, sont plus que circonspects.
Le port du masque n’est ni un acte malveillant ou égoïste ni une assurance tout risque dans les transports : c’est un atout parmi d’autre qui, mit à la disposition des habitants, n’aura point besoin d’être obligatoire pour être utilisé. La crainte massive est surtout de ne pas en avoir. Décidément, comme dit Jean-Claude Kennedy, maire de Vitry-sur-Seine, Macron est vraiment à la ramasque !
Isabelle Lorand, chirurgienne


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