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Bettina, Naïs et la lycéenne****l’Internet non marchand et solidaire/Assises à l’Assemblée nationale
PAR XAVIER DELRIEU
A l’initiative de l’Association IRIS (Imaginons un Réseau internet solidaire), sont organisées, le samedi 7 novembre à l’Assemblée nationale, les premières » Assises de l’Internet non marchand et solidaire « . Elles cherchent à promouvoir » l’utilisation d’Internet pour l’exercice des libertés et de la démocratie, ainsi que pour le progrès social « . Face à la profusion des sites marchands sur les réseaux, il s’agit de remettre au goût du jour les valeurs qui prédominaient il n’y a pas si longtemps, celles des pionniers de l’Internet moderne: la solidarité, la convivialité, la gratuité et le partage d’informations. Néanmoins, il ne faut pas dramatiser: il existe encore de très nombreux sites qui ne sont pas envahis par le commerce. Mais, aujourd’hui, il est nécessaire de se regrouper afin de faire entendre sa voix, et aussi pour se connaître l’un l’autre. Trois débats sont donc organisés: » Enjeux économiques d’Internet – Pour un Internet non marchand « , » Internet pour l’action militante et syndicale » et » Fournisseurs d’accès indépendants et associatifs « . Ce dernier point revêt une importance capitale. Les gros fournisseurs d’accès disposent de nombreux points de connexions sur tout le territoire.
Ils leur permettent de proposer, le plus souvent, des tarifs de connexions aux réseaux au prix d’une communication locale sur presque toute la France. Un fournisseur indépendant ne peut pratiquer de tels tarifs que dans sa ville ou son département. Il est donc nécessaire que ces indépendants se regroupent afin de proposer une réelle alternative non marchande. En outre, un forum est organisé afin de permettre à toutes les associations de se faire connaître auprès des visiteurs. Ces assises sont organisées par Globenet, Iris, Mini-Rezo, Neuronnexion/Humanet, R@S. Regards y sera donc présent.
Nouvelles technologies de communication
Il y a désormais plus de sites Web en France que de services Minitel. Ils se multiplieront à grande vitesse dans les années à venir. Ainsi, le multimédia, l’Internet et, plus largement, les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) continueront d’être des viviers non négligeables de création d’emplois.
Mais ces métiers font appel à une maîtrise de l’outillage informatique et à de nouvelles compétences qui ne cessent d’évoluer au gré de l’inventivité des éditeurs de logiciels. Et, bien entendu, il faut être au nombre des adeptes des longues séances de » surf » sur le réseau Internet. Certains de ces métiers ne sont que des adaptations de métiers plus anciens alors que d’autres n’existaient pas il y seulement quelques années.
Dans la première catégorie, on retrouvera, par exemple, les rédacteurs. Ici, nous sommes loin de la technique du journalisme classique et peut-être un peu plus proche de celle du marketing. L’écriture du multimédia repose sur des contraintes qui modélisent un style. Les liens hypertextes (un clic sur un mot propulse vers un autre mot ou un autre site), la nécessité d’employer avec redondance des mots bien précis (certains moteurs de recherche se fondent sur des mots clefs afin de repérer et de présenter votre site lors d’une demande), la brièveté et l’entêtante présence de l’image induisent de nouvelles façons de traiter et de transmettre l’information.
Dans cette même catégorie, on retrouve aussi les documentalistes multimédias, qui doivent parfaitement maîtriser la » géographie » du Web afin de pouvoir y trouver n’importe quelle information, ou encore les maquettistes ou les graphistes, qui doivent apprendre à se servir d’outils informatiques propres à la Publication assistée par ordinateur (PAO). La seconde catégorie est composée de professions aux intitulés plus ou moins obscurs pour le commun des mortels. Les infographistes réalisent les images de synthèses en deux ou trois dimensions qui seront par la suite intégrées, dans un journal, sur un site ou, principalement, dans un jeu vidéo.
Ce métier nécessite une très grande facilité d’adaptation, si l’on tient compte du fait que de nouveaux logiciels apparaissent tous les jours, tant les progrès techniques sont importants. Le monteur HTML (format de mise en page sur Internet) est, lui, chargé de créer le site Web. Et c’est au webmestre que revient la responsabilité de la maintenance d’un site Web, de le faire vivre et de le faire évoluer. Il doit en permanence surveiller les réactions des » surfeurs « , se tenir informé des nouvelles modes, très éphémères, et doit, en outre, connaître les innovations technologiques.
Une bonne dose de curiosité, de capacité de se mettre en question, d’humilité et de culture générale sont donc de rigueur chez le webmestre. Tous ces métiers ont au moins deux points communs. La malléabilité dans la gestion des horaires. Une grande pluridisciplinarité: une personne assume bien souvent deux ou trois postes différents, et même si la tendance aujourd’hui impose de plus en plus des spécialisations très techniques, le travail de l’un dépend de toute façon bien souvent de celui de l’autre. Un inconvénient de taille: tout le monde s’imagine qu’on gagne des fortunes en travaillant dans un secteur technologique de pointe, il n’en est rien. Les salaires, sans être ridicules, sont serrés et les conventions collectives inexistantes.
Mon ordinateur est un téléphone
Après la révolution du portable, le gigantesque secteur des télécommunications va très rapidement connaître une nouvelle mutation, celle d’Internet. Le téléphone, depuis que Graham Bell l’a inventé en 1876, après avoir recherché une solution pour entendre les sourds, le téléphone s’est installé sur l’ensemble de la planète, même si certains continents, comme l’Afrique, restent encore très largement sous-équipés. Il fut considéré à son apparition comme un gadget inutile, et immoral puisqu’il permettait aux amants de se parler en toute impunité !
Cent vingt ans plus tard, Internet s’apprête à l’entraîner dans son sillage. Mais, cette fois-ci, avec une rapidité qui pourrait déboussoler tous les opérateurs: d’ici à 2 010, 50% des communications téléphoniques pourraient passer par Internet. Deutsche Telecom commercialise déjà la téléphonie sur le réseau Internet et France Télécom devrait bientôt en faire autant. Il ne faut pas voir là un simple changement de tuyaux. Le principe est le même que pour les transferts de données transitant sur les réseaux: il suffit de se connecter, le plus souvent grâce à un appel local, au fournisseur d’accès de son choix, pour téléphoner n’importe où. Enfin, presque n’importe où. Cette technique n’en étant qu’à ses premiers pas, il faudra savoir patienter.
Téléphoner à partir de son micro nécessite des aménagements. Il faut tout d’abord être équipé d’une machine assez récente, une « multimédia » fera parfaitement l’affaire. Les possesseurs de 386 ou de 486 seront donc priés de débourser quelques milliers de francs supplémentaires. Il faut, en outre, posséder un modem suffisamment véloce; des haut-parleurs; un microphone; un logiciel de téléphonie, certains, gratuits, se téléchargent sur Internet; et une carte son full duplex qui permet de parler en même temps que l’interlocuteur, lequel doit être lui aussi équipé d’un ordinateur et des périphériques spécifiques. Mais tout peut être plus simple: un opérateur américain, RSL, commercialise en France, depuis la mi-juillet, un service sur Internet à partir d’un téléphone fixe.
Même si nous ne sommes pas si loin de l’époque où la téléphonie sur micro ordinateur faisait rire tout le monde puisque les interlocuteurs devaient parler l’un après l’autre, de nouveaux progrès techniques sont attendus pour les mois, les années à venir. Des modèles de téléphone portables existent déjà qui font fonction de terminaux Internet de poche. Et certaines entreprises font déjà transiter leurs communications par le réseau, réalisant ainsi d’importantes économies. Tous les opérateurs de télécommunications ont compris où allait se produire la prochaine mutation technologique et économique. Ce n’est pas un hasard si France Télécom consacre entre 2 et 3 milliards de francs à Internet par an et si tous les opérateurs mondiaux revoient et adaptent leurs stratégies. Il n’est qu’à voir le retard (deux ans) pris par France Télécom avant de « livrer » Paris à la Lyonnaise, qui propose de connecter les habitants de la capitale sur les réseaux via le câble.
D’autre part, la téléphonie par Internet n’étant intéressante que pour les appels longue distance, les compagnies ont entrepris de baisser leurs tarifs. Et cette tendance à la baisse devrait se poursuivre. Mais, dans le même temps, Internet victime de son explosif succès qui l’a mené au bord de la saturation, il se pourrait bien que l’accès à Internet fasse le chemin inverse: de sérieux aménagements se révélant nécessaires, les coûts augmenteraient. On aperçoit l’importance du positionnement stratégique des compagnies de télécommunications: en étant partie prenante dans la téléphonie et dans la gestion des réseaux, c’est-à-dire en jouant sur les deux tableaux, la concurrence sera exactement ce qu’elles décident d’en faire !
EN BREF:
Microsoft, toujours dans l’actualité. En France, cette fois, où vient de sortir le Hold-up planétaire. La face cachée de Microsoft (éditions Calmann-Lévy), un livre d’entretiens entre Roberto Di Cosmo, maître de conférence en informatique à l’Ecole normale supérieure de Paris, et Dominique Nora, grand reporter au Nouvel Observateur. Sur le bandeau rouge qui entoure le livre, on lit: Pour en finir avec l’ère Bill Gates ! En 186 pages (92 F), c’est une offensive en règle contre l’hégémonie, technologiquement imméritée, des produits Microsoft, de ses méthodes commerciales qui lui valent le procès intenté par les autorités américaines. A lire.
Le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) ne sait plus où donner de la tête. Avec la prolifération des nouvelles chaînes thématiques sur le câble et les bouquets satellites, les quotas imposant la diffusion de production en langue française a du mal à se faire respecter. Si tout le monde se met à transgresser la loi, il y a fort à parier que les chaînes hertziennes, qui, elles, sont surveillées comme le lait sur le feu, ne vont pas tarder à réagir.
L’an 2 000, c’est dans près de 400 jours et certains experts tirent la sonnette d’alarme: certains pays sont très en retard dans la préparation du changement de siècle qui devrait affoler tous les ordinateurs puisque les logiciels n’ont pas été programmés pour afficher l’an 2 000. D’après les experts, ce sont le Japon et l’Allemagne qui connaissent les difficultés les plus importantes. La France connaît elle aussi un certain retard. Des précisions sur: http ://www. cyperus. fr/web/cyperus. nsf/direct/10D606.
L’ART (Autorité de régulation des télécommunications) vient de confirmer un fait dont tout le monde se doutait: la libéralisation du secteur téléphonique a principalement profité aux entreprises. Elles ont vu leurs factures diminuer de 10,8% en 1998 alors que, durant la même période, celles des ménages n’a baissé que de 5,5%. Il faut dire qu’une majorité écrasante de Français est restée fidèle à France Télécom et que les appels locaux, qui restent majoritaires, n’ont pas connu de baisses significatives.
Du réfrigérateur à la télévision, un très grand nombre d’appareils électroniques seront bientôt connectés aux réseaux et se transformeront en terminaux. Ce nouveau marché ne nécessitant pas des puces d’une puissance égale à celles des ordinateurs, la firme de Santa-Clara, qui est largement engagée dans la course aux Mhz, devrait voir ses concurrents refaire surface. Les puces étaient jusqu’à présent principalement dédiées aux ordinateurs. On connaît le poids d’Intel, la firme qui, en 1971, a commercialisé son premier microprocesseur et qui équipe la plupart des PC dans le monde. Pourtant, les temps changent avec l’avènement d’Internet.
354 maires ont répondu à une enquête réalisée pour l’Association des maires des grandes villes. 90% d’entre eux se sont déclarés convaincus de l’importance des télécommunications, d’Internet et du multimédia pour l’avenir de leur ville.
L’Actu et le Petit Quotidien viennent de faire leur apparition. Ils complètent l’offre des éditions Play Bac en direction des jeunes commencée avec Mon Quotidien, journal destiné aux 10-14 ans. Sans faire grand bruit, ce titre bénéficie aujourd’hui d’un tirage plus qu’honnête avec 52 000 exemplaires vendus par abonnement. L’Actu vise les plus de 14 ans et le Petit Quotidien, les 6-9 ans.
Le Dictionnaire universel francophone est consultable en ligne, gratuitement à: On y trouve, sur un pied d’égalité, les expressions et les mots du français » standard » et ceux qu’on emploie ailleurs, au Québec, en Belgique, en Afrique, à la Réunion… Une version » papier » existe, bien entendu. 50 000 mots, 116 000 définitions. Et, suprême confort, tous les mots de toutes les définitions sont en hypertexte. C’est le résultat du travail de l’Agence francophone pour l’Enseignement supérieur et la Recherche (AUPELF-UREF) et les éditions Hachette.
La loi de Moore devrait encore être d’actualité durant une bonne quinzaine d’années. Depuis trente-trois ans, la prédiction d’un jeune fabricant de composants mémoires s’est avérée réaliste: les générations de composants se succédant environ tous les dix-huit mois tout en proposant à chaque fois le double de capacité, notamment grâce à la gravure qui s’affine, la puissance des ordinateurs s’accroît de 100% durant la même période. A ce rythme là, en 2 015, nous devrions franchir allégrement les 100 000 Mhz ! On comprend donc mieux l’obsolescence de nos machines en si peu de temps.
L’INAthèque s’est installée à la Bibliothèque nationale de France, sur le site François Mitterrand. Après la mémoire écrite, le grand vaisseau de verre accueille les archives de la radio et de la télévision française. Chaque année, ce sont 17 000 heures (sur 50 000) de programmes télé émanant des chaînes hertziennes et 23 000 heures de radio (sur 40 000) pour les cinq stations publiques qui sont collectées, entreposées et mises à la disposition des chercheurs. Le tout est consultable sur 63 Power Macintosh G3 à 300 Mhz.
**. Le répertoire national des bibliothèques et des centres de documentation est dorénavant consultable sur Internet. On y trouve des informations sur 3 500 établissements, informations sur leurs collections, services offerts, adresse, horaires.
**Bettina, Naïs et la lycéenne**
Voilà que ça recommence; les corbeaux planent de plus en plus bas, de plus en plus près de nos libertés. Ils sont là, sur le plateau de l’émission D’un monde à l’autre; ils sont là, invités par Paul Amar, face à face avec Bettina Rheims dont ils ont fait interdire de vitrine, à Bordeaux, la couverture de son dernier livre: une photographie de femme en croix, les seins nus. » Il faut faire barrage aux barbares » disent-ils c’est à dire ne pas laisser dévoiler, en femme, le corps du Christ. Victime de cette tentative de limiter la liberté de conscience et de codifier la création, le photographe déplore une victoire de l’intégrisme qui sonne un drôle de glas; elle plaide une création généreuse de qualité saint-sulpicienne. Les choses traînent, et une espèce de fumée d’autodafé cathodique me pique un peu les yeux, lorsque la voix de chair du prêtre Jean Pierre Bagot tranche dans le désordre, » quand j’ai vu cette photo j’ai sursauté de bonheur « ; silence sur le plateau ! Pour lui, pas de discrimination dans le spirituel; lorsqu’il baptise un garçon ou une fille il dit toujours la même chose » vous avez été crucifié avec le Christ « . Si cette donnée » mystique » dit-il peut choquer les gens, alors qu’on s’explique. Une petite querelle des images (1) s’installe à l’écran tout en le mettant à l’épreuve, et cette télé ne s’en sort pas si mal. Loin de les mettre à l’index elle convoque les photographies en question et révèle une autre belle manière de montrer, en isolant des morceaux éloquents, comme celui d’un sein qui donne le sang. Cette fragmentation en toute liberté désigne le chemin de l’émancipation possible des regards; elle suscite la curiosité et rend particulièrement attractif un livre qui a, depuis le début de l’émission, quitté l’obscurité du placard ou de l’arrière boutique des librairies de Bordeaux. Voltaire avait en son temps parlé du phénomène, » une censure de ces messieurs fait seulement acheter un livre. Les libraires devraient les payer pour faire brûler tout ce qu’on imprime « . Autre temps, autre querelle des images qui rencontrent alors les sons, entre Marcel Pagnol et René Clair; on sait aujourd’hui que l’inventeur du cinéma parlant qui parle n’avait pas tort. En faisant de Naïs sa première victoire du cinéma, Le magazine ciné de la Cinquième affiche une belle démarcation et se distingue encore par un ton nouveau, grinçant et peu enclin à subir l’emprise stérilisante du marketing: pas de quartier pour les films de la semaine. Ici, non seulement la critique n’a pas peur de se tromper mais elle prend aussi le risque d’écouter, entre modestie et vanité, la confidence d’Elodie Bouchez, sur l’apport de l’actrice au travail du réalisateur. Mais, lorsque à propos du réalisme du film Il faut sauver le soldat Ryan un spécialiste des traumatismes de guerre prétend que » le trauma est un trou « , » une marque inscrite qui va revenir « , une étrange sensation alors m’envahit, j’ai l’impression qu’il nous parle des effets du cinéma, des retours de la mémoire-cinéma qui, à sa manière, ne lâche jamais, pour agir comme un ciment social; ma perception est sûrement une conséquence de la proximité du sujet sur Pagnol qui, il faut bien reprendre la formule de l’émission, » est un auteur devenu indémodable « . Mais le petit écran devient plus grand lorsqu’il accueille Truffaut qui fait d’Ingmar Bergman un équivalent troublant; il donne enfin sa vraie mesure à celui qui, dans sa quête du dialogue socratique, construit en film une circulation démocratique de la parole pour convaincre et non vaincre, à l’aide des mots de tout le monde: Pagnol a le secret des mots clairs qui traînent dans les rues.
Des rues justement monte un tumulte d’automne, un charivari de rentrée des classes qui joue avec Allègre et envahit les journaux télévisés. Des rires, des masques, de la générosité et le désir de liens dont le joli bruit est trop vite fêlé par la mort tragique d’une de ces jeunes filles, aux paroles sur les joues. La télé ne sait comment en parler… laissez-moi m’insurger contre ceux qui taillent, dans l’urgence, la part belle aux canons braqués sur Belgrade… la télé n’a pas su être sensible à la mort de cette personne. n Guy CHAPOUILLIE
1. cf. le livre lumineux d’Olivier Christin, Une révolution symbolique, collection Le sens commun, Editions de minuit, 1991.
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