Pour une confrontation fraternelle mais claire

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A une semaine du congrès de leur parti, 50 communistes appellent à un débat sans non-dits, ni tabou.

En France, comme partout dans le monde, parallèlement à la montée des Trump, Salvini, Poutine, Bolsonaro… et des idées de repli, s’exprime une soif d’émancipation : des marches pour le climat à la révolte des femmes, du succès de Jeremy Corbyn à la résistance Kurde, de l’engouement pour l’économie sociale et solidaire à l’éclosion de nouvelles formes de mobilisations. La violence des 1% les plus riches contre 99% de la population mondiale aiguise aussi les contradictions. Ce faisant, elles rendent un autre monde possible.

 

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Si la gauche politique, engluée dans ses divisions et ses logiques partisanes, est en capilotade, le peuple de gauche, lui est bien vivant. Il aime la solidarité, la laïcité ou encore les services publics et les syndicats. Il vibre pour la liberté et pour la planète. Il s’insurge contre les injustices, le racisme et la pauvreté. Il est convaincu qu’une politique vraiment de gauche est possible[[Baromètre réalisé par l’Ifop en partenariat avec l’Huma (14 septembre 2018)]]. Pour les électrices·eurs de gauche, l’heure n’est pas de savoir si le social prédomine sur l’écologique, si la liberté passe après l’égalité. Les enjeux sont interdépendants. Les périls ont une source commune : le capitalisme.

Entre les valeurs de ce peuple de gauche et celles des communistes, les convergences sont nombreuses. Pourtant, force est de le constater : ça ne marche plus. Malgré tous nos efforts, quand nous pensons communisme nous pensons émancipation humaine, mais le grand public pense stalinisme ou au contraire utopie irréaliste.

Qui dit mauvais diagnostic, dit mauvais traitement

Les raisons de la perte d’influence communiste sont bien plus lourdes qu’une simple affaire de « renoncement d’une direction communiste », de « propositions communistes mal défendues » ou de « volonté ». D’ailleurs, si c’était le cas, ce constat ne toucherait pas les partis communistes partout sur la planète. Regarder l’arbre, quand la solution est dans la forêt est préjudiciable pour l’avenir. À défaut de regarder les obstacles en face, nous pourrions nous enfermer dans la marginalité.

Surmonter la crise du communisme, et de l’affaiblissement du PCF en présentant des candidat-es à toutes les élections ? En particulier, la présidentielle. Depuis la secousse de 1981, tous nos candidats à l’élection présidentielle, à l’exception de celle de 1995, ont enregistré une baisse sensible de notre aura (21,2% en 1969, 15,35% en 1981, 6,8% en 1988, 3,37% en 2002, 1,93% en 2008). Quelle que soit la stratégie : union de la gauche, rassemblement populaire majoritaire, espaces citoyens, gauche plurielle, collectifs antilibéraux, Front de Gauche…, la courbe parle d’elle-même. Aucun-e communiste ne souhaite « l’effacement » de son parti. Prendre la juste mesure des choses est la meilleure arme pour retourner la situation.

Nous avons un sérieux problème d’émetteur ! Et ce n’est certainement pas, comme le propose l’actuelle base commune, en redevenant – 43 ans après le 22e congrès – « l’avant-garde des luttes et des idées, et jouer le rôle d’éclaireur qui devrait être le nôtre ».

Ce monde est marqué par de multiples révolutions : urbaine, écologique, numérique, territoriale et celle des arts, savoirs et connaissance, dans une économie globalisée. Écrire notre projet, sans voir combien ces révolutions modifient radicalement les rapports sociaux comme les imaginaires, mais aussi les pratiques politiques et donc les partis, est une impasse. Finie, la structure verticale de la société ; place au travail en réseaux et aux échanges. L’actuelle base commune est trop loin du mouvement de la société, et des bouleversements qui la traversent. Ainsi, elle occulte autant les quartiers populaires et les évolutions des catégories populaires que les mutations du travail. La classe ouvrière comme les fonctionnaires auraient ainsi disparu de la photo du Parti communiste.

Franchement démocratique

Et si, finalement, la principale autocritique était au contraire, de ne pas avoir été au bout de la recherche d’un nouveau corpus avec la démocratie comme fin et comme chemin ; avec comme objectif de permettre aux individus de maitriser leur vie, leur travail et les leviers de décision.

La vérité, est qu’il faut dessiner, avec le peuple, le nouveau visage de la France, du monde que nous souhaitons léguer à nos enfants. Un monde de paix dans lequel la pauvreté sera éradiquée ; un monde où se nourrir ne rimera pas avec risque de mourir ; un monde où l’on pourra produire et se déplacer sans mettre en péril les abeilles et les coquelicots ; un monde ou le travail sera synonyme d’émancipation et non d’exploitation ; un monde où on ne parlera plus de migrants parce que l’on aura le droit d’habiter où on veut sur la planète ; un monde ou les plus pauvres n’auront plus à fuir les guerres, la famine ou les inondations, quand d’autres se gavent à n’en plus finir car les inégalités auront été éradiquées. Un monde de liberté.

Gratuité, salaire à vie, droits de vote des résidents étrangers, droit imprescriptible de tout être humain à s’installer hors des frontières de son pays, sécurité sociale intégrale, alter-GAFA, énergies renouvelables plutôt qu’énergies carbonées ou nucléaires, respect des animaux, démocratie culturelle, nouveaux services publics : voilà les facettes de notre nouvelle carte de visite.

Plutôt que de jouer les annonceurs de mauvaises nouvelles, nous devons écrire, en dialogue avec la société, Les Jours Heureux, tome 2, le manifeste de celles et ceux que la révolte et la soif d’humanité font aimer la vie. Voilà qui serait un très beau cadeau pour le centième anniversaire de notre parti en 2020.

Les élections européennes peuvent être l’occasion pour ce peuple de gauche d’affirmer fièrement ses valeurs. Une myriade de listes de gauche laisserait au président des riches le leadership de l’opposition à la peste brune. Quel piège, quel danger ! Bien sûr il y a de vraies différences. Mais sont-elles si sérieuses qu’elles ne permettent pas d’envisager de les surmonter. L’unité des forces antilibérales – politiques, syndicales, associatives, citoyennes, intellectuelles – est la condition de l’espoir. Faire du commun pour faire front est un combat historique des communistes. Ne le lâchons pas, en conditionnant la liste de rassemblement à ce qu’elle soit « initiée et conduite par le PCF » comme le propose l’actuelle base commune.

Nous sommes désormais à une semaine de notre congrès. Celle qui va déterminer l’orientation de notre parti pour les trois années à venir. Être à la hauteur des grandes questions qui taraudent notre société, suppose que les communistes, majoritairement attaché·es à un Parti communiste capable de créativité politique, s’engagent afin d’atteindre l’objectif que nous nous étions fixé : faire un 38e congrès extraordinaire qui ouvre des jours meilleurs.

Camarades, prenez place dans le débat pour ouvrir le chemin de la réinvention du Parti communiste si indispensable pour l’avenir du communisme.

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