Spécial Salon du Livre de Jeunesse

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Les statistiques du SNE**, **Gary Kelley****Le livre en fête pour la quatorzième année. Un salon qui se tient quelques jours par an, mais qui prolonge d’autres actions et initiatives du Centre de promotion du livre de jeunesse.

Montreuil 98, Montreuil encore… Le Salon du livre de jeunesse en Seine-Saint-Denis, quatorzième du nom. Et dans ce  » encore  » passe un peu du bonheur de tous ceux qui ont voulu, qui ont fait, qui ont enrichi un événement culturel majeur en France et au-delà. Ici, en Seine-Saint-Denis, comme pari gagné dans la durée face à tant de destructions économiques et sociales, tant de mises en pièces des richesses humaines nourries de leurs diversités. Ici, comme ailleurs, mais tout particulièrement, on résiste ? Pas le dos au mur. Entre les grandes bouffées de jeunesse d’un mouvement printanier autour de l’école (avec la création annoncée de 3 000 postes en trois ans) et le livre en fête sous les chapiteaux de novembre, s’affirment des priorités, des urgences dont le Conseil général se fait l’un des relais politiques. On pourrait dire que, depuis sa création, le cap du salon n’a pas changé, n’a pas subi les aléas de coups médiatiques ou de modes fugaces. En même temps que chaque salon s’articule sur des acquis précédents, le renouvellement s’y affirme d’année en année. Pour une raison majeure: on y place la création au centre du projet, on y défriche toujours un peu mieux les rapports complexes entre large public et innovation, entre souci de garantir la présence de toute l’édition française dans sa diversité et de promouvoir l’inhabituel, l’audace, le courage des défricheurs. Y contribuent dans un échange permanent l’équipe qu’animent Henriette Zoughebi et tous les partenaires embarqués dans l’aventure, des officiels aux divers médiateurs culturels. En soulignant qu’un salon annuel, aussi prestigieux qu’il soit, ne résume pas la multiplicité des initiatives qui n’ont cessé de se développer depuis un quart de siècle autour du livre de jeunesse. Des ventes-expositions, des journées du livre, des ateliers, des salons locaux, des rencontres thématiques mobilisent un nombre incalculable d’énergies trop souvent ignorées. On peut affirmer que le livre de jeunesse constitue certainement le plus important foyer de militantisme culturel à l’échelon national. Loin, très loin des paillettes et des mondanités dont on parle. Le succès du Salon de Montreuil résulte aussi de ce foisonnement de terrain, tout comme Montreuil irrigue incontestablement ces passions fortes, ces coups de coeur à travers lesquels les enfants savent se reconnaître. Cette année, l’affiche du salon les déguise en bibliophages. Regardez-les, ils lisent en nous à livre ouvert.

Les rencontres du salon

Encadrant l’événement public du salon, deux espaces-temps de réflexion s’articulent, cette année encore, sur des questions essentielles émergeant des pratiques de tous les acteurs engagés dans les rencontres possibles entre les jeunes et les livres: Le colloque des lundi 23 et mardi 24 novembre sur le thème: Créer le tumulte-les adolescents et la littérature: renouveler le désir (dont il est fait état p. 26) Les journées professionnelles: pros du livre et de l’enfance se croisent, s’activent, se bousculent les idées le samedi 28 au matin et lundi 30 toute la journée, dans une profusion de débats, tables rondes, échanges informels que structurent quelques grands axes de réflexion: problèmes économiques de l’édition, rôle des librairies, droits de l’Homme et de l’enfant, emplois jeunes et formation autour du livre, mise en échec des agressions du Front national, les jeunes et leurs villes à travers un atelier d’écriture conduit par François Bon à Bagnolet…

L’Amazonie du fantastique

Michel Chaillou, fidèle parmi les fidèles du Salon, propose cette jolie formule à la curiosité de tous les âges:  » Mystère et boule de gomme: pour un fantastique élastique.  » C’est le thème de cette année, résultat de convergences pas tout à fait dues au hasard. D’une part, un phénomène éditorial récent, qui voit se multiplier les collections se référant directement au fantastique (Père Castor, Magnard, Pocket, Rageot,…) ou à ses signes de première évidence (Chair de poule, Fais-moi peur, Peur bleue, Froid dans le dos,…); entre les produits préfabriqués et les vraies créations une mode court, dont le succès nous incite à discerner par quels chemins secrets elle comble des attentes en s’articulant dans les relations conflictuelles des jeunes avec un réel où les repères semblent jouer eux aussi à l’élastique. D’autre part, après la littérature d’expression germanique l’an passé, l’ouverture sur les littératures d’Amérique latine tiendra une place privilégiée dans le Salon. Et s’il est question de fantastique, de rupture, de subversion du réel, d’extrapolations imaginatives dont les codes ne cessent de se réinventer en se colletant à « la dure loi des hommes » (Eluard)… Où trouver plus ample foisonnement ? En prenant la mesure de ce qu’on en ignore trop souvent en regard de ce qu’on croit en connaître. A commencer par le peu de curiosité de l’édition jeunesse trop exclusivement tournée vers la production anglo-saxonne. Et en dépit de quelques chefs-d’oeuvre s’imposant comme des classiques depuis des décennies: je pense à Mon bel oranger de J.-M. de Vasconcelos (Hachette) ou à Trois garçons en Amazonie d’A. Dias de Moraes que révéla Nathan. Pour ce parcours tout en miroirs comme au Palais des mirages du Musée Grévin, toutes les entrées sont bonnes: -des lectures et rencontres avec des écrivains français de premier plan qui proposeront les clés de leurs parcours singuliers dans le fantastique; -un choix très varié de livres de la production latino-américaine, accompagné de bibliographies, fruits d’un travail collectif animé par Michèle Gazier, écrivain, critique et traductrice; en accompagnement, la présence d’écrivains d’importance: Ana Maria Machado, Eduardo Manet, Eduardo Galeano, Francisco Hinigossa,… -l’exposition  » Figures futur 98  » présentera les travaux de jeunes illustrateurs du monde entier, réalisés à partir de cinq nouvelles signées Borges, Cortazar, Marquez… -d’autres expositions appelées à tourner: les animaux fantastiques, Gary Kelley, Alain Le Foll (voir ci-contre) et l’éditeur américain  » Creative edition  » à l’origine de dizaines de grands livres dont s’est emparé l’édition française soucieuse de désensabler les regards. Et puis, le fantastique, c’est le foisonnement de milliers et de milliers de livres à travers lesquels chacun bâtit son itinéraire de découverte au fil des allées. On s’y perd, on s’y retrouve, on s’y plaît. Histoire d’allumer quelques balises, je vous propose deux pistes: -l’une suit une mouche, celle de Jean-Pierre Siméon qui écrit de ses pattes la diversité des genres littéraires dans la Mouche qui lit (Rue du Monde), qui rencontre sa grande soeur  » Tsé-tsé  » au Rouergue le temps d’apprendre à bâiller en compagnie d’Olivier Douzou dont les  » Confetti  » du souvenir se confient à la  » République du vent « ; la mouche qui pourrait bien se poser dans les alentours glauques de la Tombe de Dracula du truculent Colin McNaughton (Albin Michel). -l’autre vous fera rencontrer quelques-uns de ces grands humoristes d’autant plus drôles qu’ils ont le coeur gros comme ça pour tout ce qui palpite d’humain: le fondant Bruno Heitz présent chez Mango, Casterman et ailleurs, le Raymond Briggs du Sacré père Noël qui sourit aux larmes en évoquant la vie de ses parents (Ethel et Ernest chez Grasset), la vivacité inchangée de Quentin Blake avec le Bateau vert, dernier né d’une longue série chez Gallimard (dont un nouveau Fantastique maître renard sur le texte de Roald Dahl), notre Pef enfin, celui qui ose intituler un album Moi, j’ai horreur des gosses (Albin Michel) et qui ose plus encore s’attaquer aux horreurs de la guerre de 14-18 avec Zappe la guerre (Rue du Monde), un livre qui va faire causer…

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Ouverture au public .

-Mercredi 25-11 de 9 h à 18 h -Jeudi 26-11 de 9 h à 18 h -Vendredi 27-11 de 9 h à 21 h -Samedi 28-11 de 9 h à 19 h -Dimanche 29-11 de 10 h à 19 h Prix d’entrée: 20 F.

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