Mois OFF à Paris

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Qui participe Le troisième  » Mois off  » de la photographie a lieu en octobre. Une centaine d’artistes dans les endroits les plus variés, dont l’espaceregards, et un livre jeu de miroirs avec des poètes édité au Temps des Cerises.

Probablement que pirouettes et sauts ne sont pas, comme dans la photo d’Anastasie Filippovna et Pierre Sogol Saut à Plougrescant – dans laquelle les attitudes des personnages font étrangement songer, en plus hip hop vacancier, à celles des danses Gwenedour du pays Pourist (Guéméné) où les danseurs rivalisent en bonds et acrobaties confinant à l’exploit gymnique -, parmi les thèmes principaux des quatre-vingt-treize photographes à la découverte desquels nous irons durant ce  » Mois Off « , qui fait pendant au « Mois de la photographie », in, qui débute, lui, en novembre. Mais leur gaieté, l’esprit de liberté qui semble les animer, et le grand air qui les entoure pourraient bien ne pas être très éloignés de la volonté de cette manifestation de  » présenter la photographie dans toutes ses libertés, sous toutes ses déclinaisons « , comme l’écrit sa présidente, Dominique Soulé.

Off, au sens de différences, d’aventures

Créée spontanément il y a cinq ans à partir d’un petit groupe de photographes  » grandement insatisfaits des manifestations officielles  » (un bulletin de naissance somme toute assez proche de celui de tous les  » offs  » du monde), uniquement composée de bénévoles (les quelque deux cents dossiers recueillis cette année l’ont été à partir des seules affichettes déposées dans les lieux fréquentés par la « profession »), l’association loi 1901 le  » mois off » (« Off, pas au sens de marginal, mais de différences, d’échappées, d’aventures « ) cale ainsi dans un petit texte-manifeste le sens de son action:  » Nous sommes forcés de constater que la multiplication des lieux d’exposition et des circuits dans les années 80 n’a pas entraîné la multiplication des découvertes alors qu’elle a suscité beaucoup de vocations. Bien que les opérateurs culturels se défendent de pratiquer l’élitisme, on déplore souvent le dirigisme de leurs choix, et l’uniformisation internationaliste qui ne favorisent pas la diversité des expressions artistiques. Pour ouvrir le débat sur la fonction de l’artiste, et son rapport aux pouvoirs, notre action favorise une réflexion sur le rôle de l’artiste dans la cité (…) parce que la photographie est toujours et malgré tout la pratique artistique qui se « compromet » le plus dans une relation directe avec le réel. Parce qu’en ce sens elle est attractive, mais aussi fragile, son pouvoir d’image en faisant l’enjeu de tous les pouvoirs et donc l’objet de tous les contrôles. Pouvoir de la presse, par exemple, qui ne restitue pas assez à son public la réalité de manifestations, reflets du vécu individuel et collectif « .

Les rencontres, la principale dynamique de ce mois

Quatre-vingt-treize photographes ont donc été choisis, dont dix-neuf en  » collectifs  » (« Nous sommes toujours très attachés à ce que tous les genres photographiques soient représentés « ), qui iront à la rencontre du public dans des endroits très divers au nombre de quarante-six: cafés, centres d’animation, comités d’entreprise, unions locales CGT, mairie, lieux alternatifs, espaces culturels, musée (celui de l’Histoire vivante à Montreuil), galeries, écoles (ESAM Design, Parson’s School of Design, UP6 Ecole d’architecture), tous gratuits ou libres d’accès. Du coup, on imagine sans mal toutes les découvertes inopinées, et les fenêtres qu’elles ouvriront sur un art jugé encore généralement un peu secret, et de l’ordre de l’intime. » Les rencontres, nous dit Dominique Soulé, sont la principale dynamique de ce Mois. J’ajoute que cette année nous avons la chance d’avoir l’espaceregards comme point d’ancrage « . Un point d’ancrage où l’on trouvera un aperçu de l’ensemble des expositions et dans lequel, pendant tout le temps de la manifestation, des débats seront organisés. Et de poursuivre sur le livre-catalogue, autre pôle d’autres rencontres, dont la maquette a été confiée à l’Ecole de communication visuelle (ECV), et dont le principe a été de solliciter vingt-et-un poètes qui s’expriment à partir d’un lot d’images qui leur ont été confiées. » Les poètes ont naturellement été laissés libres de réagir chacun à sa manière, explique Francis Combes, le directeur littéraire du Temps des Cerises, certains par l’écriture d’un texte de critique, d’autres par un poème, en vers ou en prose. Ce faisant, beaucoup, plutôt que d’effectuer un commentaire sur le travail des photographes, nous livrent un regard. Sur les photos exposées, mais aussi sur le monde qui nous entoure et sur la place qui y est celle des artistes. Or ce regard est souvent très proche de celui des photographes. »

Regard de poète et regard de photographe

Justement ce regard ? Dominique Soulé a son idée:  » D’abord, et comme les autres années, nous avons été surpris par la qualité et la diversité des travaux déposés. Mais avec octobre 1998 en paramètre commun, une forte connotation charnelle et plasticienne, revendiquant à la fois au niveau du support, les sels d’argent et le numérique et, au niveau de l’appréhension du sujet, une sorte d’érotisation de l’image sans esthétisme gratuit. La matière présente, toujours très présente… » comme dans ces techniques mixtes (bois brûlé, cire, verre, fleurs séchées, ossements) de Philippe Assalit, ces tirages au charbon d’après des chimigrammes de Camille Favre, ou encore les travaux de Steven Bernas, comme ciselés, attaqués de  » moucherons « , pour ne citer que ces quelques exemples dans une production extrêmement diversifiée où la présence du corps, c’est vrai, est forte (l’ »air du temps » n’est ni « in », ni « off »). Mais pas seulement, et pas nécessairement dans sa nudité. Dans le sommeil de ce personnage saisi par Gérard Trotin sur ce qui semble être une banquette. Et tout autant dans l’Homme à la fenêtre, une photo faite à New York par Carole Fontaine. Photo extrêmement émouvante du fait de ce qu’elle suggère avec beaucoup de pudeur de la condition humaine, celle de beaucoup. Et autant encore dans les vibrations rouges de ces tambours du Burundi éclatant dans la nuit de Paris, sous l’objectif de Philippe Rolle.

Troisième Mois Off de la Photographie.Octobre 1998.Point d’accueil: espaceregards, 15, rue Montmartre, 75001 Paris.

On trouve le nom des artistes, les lieux d’exposition, ainsi que certaines à l’adresse Internet: http://art-contemporain.eu.org/mois-offe.mail: mois-off@art-contemporain.eu.org

Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, MCVPAP, MNFCT, MUTIRIF Avenir, UMIF.

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