SNCF : une « réforme » libérale qui rate la révolution des mobilités

Appuyée sur le rapport Spinetta, la réforme de la SNCF promeut des mesures dont on a pu mesurer les conséquences néfastes au Royaume-Uni. Mais l’opposition à ce démantèlement libéral ne suffit pas : il faut promouvoir un autre modèle.

Un train à grande vitesse va relier Londres et Birmingham. Le gouvernement de Theresa May vient de programmer un investissement de 49 milliards d’euros pour que, dans moins de dix ans, la capitale du Royaume-Uni et la seconde ville anglaise soient à moins de cinquante minutes l’une de l’autre. Ce train est un élément majeur dans la création d’une conurbation de vingt millions d’habitants.

Au-delà même du Brexit, il s’agit d’une recomposition du tissu anglais, autant géographique qu’économique. Londres étouffe sous le coup de la cherté du foncier, des logements, des transports urbains et pour tout dire, de toute la vie quotidienne. Les classes laborieuses ne peuvent déjà plus y vivre. En élargissant substantiellement le rayon londonien, une réponse est esquissée pour intégrer moins les classes populaires que les classes moyennes désormais éloignées de la capitale.

Ce pharaonique projet outre-Manche résonne avec celui du Grand Paris express et avec les réformes de la SNCF qui s’annoncent. Ici comme ailleurs, les transformations du monde (réchauffement climatique, métropolisation, nouvelles mobilités…), mais aussi le vieillissement des infrastructures, les importants besoins en financement enclenchent des projets ou des réformes qui redéfinissent le système de transports.

Le défi : promouvoir une vraie vision alternative

On doutera fortement de la portée du projet Spinetta. Bouclé en quelques mois, il s’apparente surtout à une collection de mesures pour faire des économies structurelles et réduire encore un peu la desserte des villes françaises – pas seulement les petites –, et pour remettre en question le statut des cheminots. En guise de prospective, il surfe sur les évolutions intéressantes d’autopartage sans convaincre qu’il s’agit d’une révolution.

Dans trois semaines, une mobilisation est programmée pour s’opposer au projet Spinetta, déjà en passe d’entrer en application. Mais le défi, dans ce combat qui s’engage autour du système ferroviaire sera de promouvoir une vision globale alternative. Comme pour l’école, la santé, l’agriculture, le logement, le service public, la formation professionnelle.…

On ne gagne plus sur la défensive. Ces systèmes, les uns et les autres, sont en bout de course. Cela ne signifie pas que tout est obsolète, mais que la cohérence est perdue et qu’il faut la reconstruire. Macron est crédité non de vouloir changer le système, mais les systèmes. Secteur après secteur, il démontre cette ambition réformatrice structurée par une vision libérale. Pour contrer Macron, c’est à ces niveaux systémiques qu’il faudra porter la réplique.

L’opinion publique peut être gagnée. Dans le pays berceau du néolibéralisme contemporain, 60% des Britanniques seraient favorables à la renationalisation de l’ensemble des concessions de chemin de fer, contre seulement 25% favorables à leur gestion privée.

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