Migrants : que cesse ce tri inhumain !

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Trier les « bons » et les « mauvais » exilés, les mineurs et les majeurs, laisser les uns et les autres à la rue… Dans sa chronique « Vu de… Paris », Danielle Simonnet appelle l’État et la Ville à la dignité et à l’humanité.

Humanité et fermeté, qu’ils disaient. Les gouvernements changent, la même communication hypocrite reste. Derrière la réduction du temps de traitement des dossiers de demandeurs d’asile, l’objectif gouvernemental n’est autre que la réduction des titres accordés.

Une République qui se fixe l’objectif d’expulser massivement se déshonore et ment de façon éhontée à ses concitoyen-ne-s. Rappelons sans relâche qu’il ne peut y avoir d’expulsion relevant de “l’humanité”. Aucune expulsion par ailleurs n’empêche le retour de celles et ceux qui ont risqué leur vie et seront prêts à la risquer de nouveau pour justement survivre.

Garantir l’accueil et l’accès aux droits

Les lois s’empilent, piétinant à chaque fois un peu plus le droit d’asile et l’accueil républicain. L’argent coule à flot pour le sécuritaire quand les subventions aux associations s’évaporent. Et pendant ce temps, c’est l’urgence humanitaire qui s’aggrave et la lepénisation des esprits qui déconstruit plus encore les consciences républicaines solidaires…

Il n’y a pas d’autres politiques réalistes que celles qui visent à agir sur les causes des migrations contraintes, contribuer à la paix et cesser les politiques de libre échange qui pillent l’Afrique. Et en attendant, assumer toutes les conséquences et garantir l’accueil et l’accès aux droits.

Fort heureusement, les voix s’élèvent, comme au conseil de Paris, pour dénoncer les trois circulaires du ministère de l’Intérieur de novembre et décembre 2017 ainsi que le projet de loi. Lesquels mettent la priorité sur l’expulsion des déboutés de l’asile, des « dublinés », leur mise à la rue, leur placement en centre de rétention.

Ces dispositions prévoient l’envoi d’équipes mobiles – constituées d’agents de l’OFII et du service étranger des préfectures – dans les centres d’hébergement, en vue d’identifier les personnes de nationalité étrangère et d’opérer un tri. Comme s’il y avait des bons et des mauvais exilés. Certains « méritant » d’être mis à l’abri du froid et d’autres d’être expulsés de toute urgence…

Paris doit respecter le droit

Mais dans les faits, que se passe-t-il dans la capitale ? Il ne s’agit pas de dire que la mairie ne fait rien. Des centres sont ouverts en lien avec l’État. Des jeunes mineurs, qui relèvent directement de la compétence du département sont pris en charge et sont nombreux à affluer sur la capitale. Mais le droit est-il respecté ? Non.

Au dernier conseil de février, alors que la neige bloquait Paris, j’apprenais que quarante jeunes, se déclarant mineurs mais considérés au faciès comme majeurs par le département (Paris est à la fois une Ville et un département), ne se voyaient proposer aucune solution d’hébergement par les maraudes (qui n’en avaient plus), et étaient rejetés par le 115 du fait de leur jeune âge.

Je profite des questions d’actualité pour alerter sur la gravité de la situation et son caractère sinistrement kafkaïen. Majeurs pour le département, mineurs pour l’État ? On m’annonce dans la journée l’ouverture d’un nouveau lieu pour le soir. Le lendemain, j’apprends par les associations qu’on leur avait bien signifié que les jeunes devaient se déclarer comme majeurs pour y être acceptés, eux qui revendiquent auprès du dispositif départemental être mineurs.

Que la ville arrête aussi de faire ce tri insupportable entre mineurs ou majeurs pour ne pas avoir à en assumer le coût ! Mineurs ou majeurs, qu’on écoute enfin le Défenseur des droits qui insiste sur la présomption de minorité qui doit primer et que tout jeune isolé, mineur ou majeur, de fait en danger, soit protégé ! Jamais dans l’histoire aucun tri n’a été humain. Qu’on s’en souvienne.

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