M1717 : Hamon se met en mouvement

Rompant avec le PS, Benoît Hamon a lancé le Mouvement du 1er juillet, ou M1717. Cette tentative de structurer la gauche écologiste et socialiste, entre Macron et Mélenchon, peut-elle être autre chose que l’écurie de l’ancien candidat à la présidentielle ?

Les applaudissements sont couverts par les cris de joie. Quand Benoît Hamon annonce : « Je quitte le Parti socialiste », la grande majorité du public réuni sur la pelouse de Reuilly, ce samedi 1er juillet, ne cache pas sa joie. L’officialisation de ce choix éclipse même l’objet de ce rassemblement auquel participent, selon les organisateurs, « 11.000 personnes ». Certes, le Mouvement du 1er juillet, ou M1717, est bien lancé sur les rails mais il est désormais très identifié à l’ancien candidat socialiste à l’élection présidentielle.

Ce nouveau mouvement, qui affirme avoir vocation à occuper de manière transpartisane « l’espace entre le centre droit de Macron et la gauche radicale de Mélenchon », se veut un lieu de rencontre entre socialistes, écologistes, communistes, républicains, militants syndicaux ou associatifs, intellectuels… Avec pour objectif de participer à « la création de la grande maison de gauche sans laquelle aucune victoire n’est possible ».

Uppercuts

Pour autant, à voir la foule réunie, on comprend pourquoi Benoît Hamon en salue « la cohérence et l’homogénéité ». Si le dirigeant du PCF Christian Picquet et les responsables écologistes Jadot et Duflot, entre autres, sont là, l’assistance rompt avec le mélange qui marquait la campagne des primaires. Reuilly est majoritairement blanche et de classes moyenne à moyenne sup. Venu des Vosges, ce militant proche de Filoche tente de positiver : « C’est déjà bien de rassembler son camp ».

En termes de camp, la « jeune garde » socialiste est là. À côté des hamonistes fidèles, tels que Michel Pouzol ou Guillaume Balas, on croise le député d’Alfortville et ex première gâchette de Manuel Valls, Luc Carvounas. François Lamy est venu de Lille et avec sympathie. « Vu l’état de la gauche, au-delà même du Parti socialiste, toutes les initiatives qui permettent de réfléchir sont les bienvenues », salue celui que l’on présente encore comme le bras droit de Martine Aubry.

« Je quitte le Parti socialiste, mais pas les socialistes ni le socialisme », tonne Benoît Hamon depuis sa tribune. Ce ne sont pas des tacles qu’il réserve au parti qu’il a rejoint en 1987 et auquel il « doit tout », comme il le reconnaît lui-même. Ce sont des uppercuts d’une lucidité cruelle. « Ces dernières années, les différences entre le PS et les Républicains ont été surjouées. Le nom des lois diffère, mais pas leur orientation ni leur contenu », martèle l’ancien ministre. Chacun de ces coups est salués par des vivats.

Adieu ou au revoir ?

Mais, pour une partie de la vieille garde hamoniste, l’enthousiasme est plus tempéré. Les fidèles comme Michel Pouzol ou Tania Assouline confirment qu’ils restent au PS. D’autres, s’ils « comprennent que Benoît cogne », faisant écho aux propos de leur chef de file sur « les reniements » et « le ressentiment », ne les reprennent pas clairement à leur compte. Les débats ont été vifs entre eux ces dernières semaines sur la stratégie à adopter alors que le congrès du Parti socialiste devrait avoir lieu au printemps 2018.

Actant ces désaccords, Hamon n’appelle pas, d’ailleurs, à quitter le parti. Sa décision est donc « personnelle ». À ceux qui restent au PS, il refuse de dire « adieu », il dit « au revoir, à bientôt dans les combats qu’il faudra mener » face au « président Jupiter » et à « la Ve République du « moi président » et du « moi populiste » ». Macron et Mélenchon font l’objet de ses assauts, même si la rigueur intellectuelle impose de dire que le président de la République concentre, tout de même, plus les attaques de l’ex député des Yvelines.

Si l’on écarte le fait qu’il assume clairement une visée de conquête du pouvoir, à terme, ce Mouvement du 1er juillet ressemble pour beaucoup à une version XL du Mouvement commun, créé par Pouria Amirshahi en 2015. L’ancien député des Français de l’étranger avait d’ailleurs mis à disposition de Hamon l’armature de ce qui proposait, déjà, « de lutter contre les tribus de la gauche ». L’ancien candidat à la présidentielle préfère appeler à faire craquer les « carcans » et les « enclos », ciblant la jeunesse pour « refaire la gauche ».

Première étape

Las, en quittant le PS, Hamon a pris un gros risque. S’il le fait, c’est pour tenter de crédibiliser une démarche ouverte en direction des écolos et des communistes, lesquels font l’objet de toutes les attentions. Mais en n’ayant plus d’autre engagement que celui d’animer le M1717, le Breton prête le flanc à l’accusation de vouloir créer son écurie pour 2022. Sentant le coup venir, il s’en est défendu préférant en situer l’objet dans un « temps long ». Temps borné, déjà, comme « première étape » à 2019.

Proche de la sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienneman, Bertrand reconnaît l’intérêt de cette étape. « Avec son mode de scrutin proportionnel, les européennes sont un bon moment pour poser en actes les débuts de la recomposition à gauche », glisse le militant. Assurément, Hamon maîtrise aussi bien ce calendrier.

D’ici là, le Mouvement du 1er juillet participe à l’émiettement de la gauche, la renvoyant au début des années 60 quand, le gaullisme triomphant, la gauche non communiste s’était explosée dans une myriade de clubs.

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