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Meurtre à l’institut de beautéUne ville de la haute Andalousie, au pied d’une montagne et sur la rive d’un grand fleuve grossi par les pluies d’automne… Et, dans cette Espagne couverte d’oliviers, l’inspecteur récemment muté de ce qui a été pour lui l’enfer du nord, Bilbao.
Sa femme a failli y perdre la raison. Lui, le fils de Républicain espagnol élevé par charité après la guerre civile dans un collège de jésuites, n’a dû son salut qu’à une crise morale qui l’a débarrassé opportunément de ses deux vices, l’alcool et le tabac, et de sa peur, de sa manie de dissimuler le secret de ses origines. Pas facile, dans cette ville nouvelle, de mettre la main sur l’auteur de l’abominable assassinat de Fatima, fillette de neuf ans. Il est inconnu des services de police. Dans sa tâche, l’inspecteur peut compter sur son ami Fereras, le médecin-légiste, le père Orduña, un de ses anciens professeurs, et dispose du soutien moral de Susana Grey, institutrice divorcée, fine, sensible et courageuse, qui va devenir sa maîtresse. Or, dès le chapitre douze d’un roman qui en compte trente-deux, l’auteur omniscient met en scène le tueur de la pleine lune. Comment ce redoutable psychopathe finira-t-il, après avoir commis deux nouveaux crimes, par se jeter dans le piège que lui tend l’inspecteur avec une incroyable patience ? Ce roman grave, chargé d’histoire récente, des violences de l’histoire et de l’actualité, vaut par sa densité, la richesse, la justesse des informations par lesquelles Muñoz Molina suggère des êtres en proie au désarroi et au doute, à l’usure du temps, et qui parviennent parfois à dépouiller le vieil homme. Le temps, donc. Mais déchiré, saccadé. Et les rétrospections, le plus souvent de faible portée et de faible amplitude, sont nombreuses, qui soulèvent une sorte de houle temporelle dans laquelle baignent les consciences inquiètes.
Dans les dernières pages, sortant décontenancé de chez Susana Grey, l’inspecteur commet l’erreur de baisser la garde. C’est l’instant de la vengeance pour le tueur qui s’apprête à lui loger une balle dans la nuque. Un très beau roman, largement digne de Un hiver à Lisbonne et de Beltenebros (Actes Sud) par exemple, et fort bien traduit. n J. M.
Antonio Muñoz Molina, Pleine Lune, Traduit de l’espagnol par Philippe Bataillon, Editions du Seuil, 383 p.
Meurtre à l’institut de beauté
On ne présente plus Gérard Delteil, auteur prolifique de polars depuis une douzaine d’années. Il a aujourd’hui à son actif (très actif) une cinquantaine d’ouvrages qui, selon la formule de Robert Deleuse » nous entraîne dans les azimuts où la mort travaille sans filet ni relâche « . Il est, en outre, directeur d’une collection qui fait son chemin » Métropolar « . Tous les mois, les usagers du métro (ou du RER, surtout) ont la possibilité d’acheter une nouvelle « noire » pour 10 francs seulement, vendus dans les distributeurs de boissons et autres chocolats… Son nouveau roman, intitulé la Peau des autres, nous entraîne dans le monde étrange et pénétrant de la beauté… féminine. Tout commence par un cri à l’institut de beauté Laurence. Une main malveillante a remplacé la lotion d’un vaporisateur par du vitriol. Sorte de Cheryl » poulpienne « , Nathalie, une des esthéticiennes de l’entreprise, va mener l’enquête. Le coupable n’est évidement pas celui qu’elle croit et le coup de théâtre final en étonnera plus d’un (e)… Cette énigme est d’autant plus originale qu’elle se déroule dans un milieu rarement évoqué dans le roman policier, qu’il soit français ou américain. n G. C.
Gérard Delteil, La Peau des autres, Denoël, 234 p, 95 F
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