Le premier numéro de la revue du Parti de gauche, L’intérêt général, se consacre à la question des médias, de leur indépendance en berne et de la nécessaire refondation de leurs modèles économiques et éditoriaux.
Un parti politique a-t-il vocation à mener un travail de critique des médias ? Évidemment, d’un simple point de vue pragmatique, la démarche est risquée tant elle expose à des représailles ou simplement à de l’hostilité de la part des médias dominants. Cependant, ce travail n’est pas mené par ceux-ci : ils tendent au contraire à ostraciser et marginaliser les acteurs de cette critique, font écran (de fumée) avec des « médiateurs », refusent de se doter d’organes d’autosurveillance ou de codes de déontologie explicites, occultent la vaste entreprise de prédation des grandes fortunes sur le capital des entreprises de presse, etc.
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Le résultat, c’est que les (grands) médias d’information, en tant qu’institution essentielle à la vie démocratique – et qui, à ce titre, devraient exercer sur eux-mêmes la plus grande vigilance et la plus grande exigence – refusent autant la critique qu’ils évitent l’autocritique. Bien sûr, l’émergence de médias qui ont fait de leur indépendance un parti pris fondateur met en lumière, par contraste, l’état de dépendance de la majorité de leurs confrères. De même, la prohibition implicite des critiques entre journalistes semble de moins en moins respectée. Ainsi, ces dernières semaines, les turpitudes de l’éditocratie sont-elles devenues plus insupportables que jamais pour une profession qui ne veut plus voir rejaillir sur elle le discrédit de son « élite » (parmi laquelle, hélas, se recrute l’essentiel des patrons de rédaction).
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Dans un tel contexte, l’initiative du Parti de gauche, avec le premier numéro de sa revue L’intérêt général consacré à la crise des médias, est bienvenue. Sa quinzaine de textes aborde les questions majeures que pose aujourd’hui la difficile quête d’indépendance économique et éditoriale. Ils traitent aussi celles de la formation et de la précarité des journalistes, ou encore la couverture biaisée d’événements comme les mobilisations contre la loi Travail, l’émergence de Podemos et les politiques progressives menées en Amérique latine.
Parmi les auteurs et les interviewés, quelques références de la « critique des médias », comme Henri Maler (Acrimed), Gilles Balbastre (réalisateur des Nouveaux chiens de garde), Emmanuel Vire (SNJ-CGT) ou Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique). De quoi s’armer pour, au-delà de la critique, mener « la bataille pour des médias indépendants, pluralistes et exigeants » qu’évoque l’édito. À noter aussi, quelques infographies utiles, dont celle des propriétaires des médias, façon plan de métro – pour s’y retrouver ou s’y perdre.
L’intérêt général, trimestriel, 5 euros. À commander ici.


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